Black-out et résilience énergétique
- valentinforand
- 5 août
- 2 min de lecture
Le 28 avril 2025, j'étais en #Espagne alors qu'en quelques secondes à 12h33 ce lundi 28 avril, 15 gigawatts (GW) de production d'#électricité ont soudainement disparu du système électrique espagnol.
Plus d’électricité, et tout s’arrête : téléphone (même le réseau d'urgence #112 ), paiement bancaire, plaques de cuisson, ordinateurs, digicodes, feux de signalisation…
Ce #blackout n’est pas simplement un incident technique. C’est le rappel brutal de ce que signifie aujourd’hui notre dépendance à des réseaux ultra-connectés, ultra-optimisés... et donc ultra-fragiles.
Nous vivons dans un monde où la moindre rupture locale peut avoir des effets en cascade, jusqu’à perturber la vie de millions de personnes. Cette extrême interconnexion, cette tension permanente vers l'efficacité maximale sans marges, rendent nos sociétés moins capables d’absorber l’imprévu.
Ce n’est pas une découverte pour moi.
Au fil de mes expériences humanitaires dans des pays du Sud, j'ai vu que dans d’autres pays, la disponibilité en énergie ne bloque pas tout, parce que les habitudes, les savoir-faire, l’organisation collective compensent partiellement.
Egalement, en 2022, alors que la #Russie menaçait l’approvisionnement énergétique de l’Europe, j'ai participé en Préfecture à la préparation au risque de délestage généralisé. Cette expérience a confirmé ce constat : nous ne sommes pas préparés à fonctionner autrement que dans un environnement stable. C’est aussi pour cela que j'ai consacré ma thèse à l'INSP - Institut national du service public à la question de la gestion des #pénuries à l'échelle locale : comment une communauté peut-elle maintenir sa cohésion, sa capacité d'action, lorsqu'une partie de ses ressources vitales disparaît ?
Ce que révèle ce blackout, c’est que nous devons changer notre façon de penser la #crise.
Pas seulement chercher à éviter les pannes à tout prix. Mais construire des systèmes capables de résister, de s’adapter, de fonctionner même en mode dégradé. Plus que la recherche d'une sécurité absolue, c’est la capacité à vivre et agir dans l'incertitude qui devient essentielle.
La récente European Commission Preparedness Strategy visant à encourager les citoyens à constituer des kits d’urgence pour 72 heures est un pas utile. Mais il ne doit pas nous faire oublier l’essentiel : la complexité des crises contemporaines ne se gère pas uniquement par la préparation individuelle. Elle exige aussi des organisations, des territoires, des institutions, une capacité collective à naviguer dans l'incertitude.
Patrick Lagadec le souligne depuis longtemps : dans une crise, l’essentiel n’est pas de comprendre tout de suite pourquoi c’est arrivé, mais de savoir gérer les conséquences dans un environnement incertain. C’est cette culture de l'incertitude, encore largement absente de nos schémas d’action, qu’il faut désormais développer.
Cela suppose de changer d’approche à tous les niveaux (cf en commentaires). Nous avons tout à gagner à commencer ce travail dès maintenant.

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